Les Sims de Shirshasana

Comme tous les matins Ambredragon consultait les petites annonces dans le journal. Jusque là ses recherches d’un travail dans la science n’avait pas aboutit et ça commençait à lui miner sérieusement le moral. D’autant plus que l’atmosphère à la maison c’était lentement dégradée parce que Rachel n’arrivait pas à tomber enceinte alors que c’était son désir le plus cher, et qu’il s’en sentait totalement responsable. Comme toujours, quand quelque chose allait de travers, il pensait que c’était de sa faute, c’était plus fort que lui…

Mais ce matin-là était son jour de chance. Le journal proposait un poste de cobaye dans un laboratoire. Ce n’était certes pas un poste à haute responsabilité et quelque peu dangereux, mais il fallait bien commencer par là avant de prétendre devenir un savant reconnu.

- Rachel, bonne nouvelle, j’ai enfin trouvé du travail dans la branche scientifique ! lui annonça-t-il fièrement.

- C’est super mon chéri, répondit-elle, sans plus d’enthousiasme.

Mais bon, Ambredragon ne releva pas la presque mauvaise humeur de son épouse, sinon ça finirait encore en dispute. Dire qu’ils étaient de jeunes mariés…

Ambredragon soupçonnait sans oser demander confirmation à Rachel qu’elle lui en voulait, même inconsciemment, pour leur fête de mariage ratée. Pourtant elle lui avait assuré le contraire à l’issu même de la fête, mais il ne pouvait s’empêcher d’y penser…

Rachel s’absorba dans la lecture d’un livre de cuisine. Bien que ce soit souvent Ambredragon qui prépare leur repas elle voulait s’améliorer dans ce domaine. Après tout Ambredragon ne serait pas toujours à la maison pour préparer de bons petits plats équilibrés pour leurs enfants. Il ne lui resterait plus qu’à mettre en pratique tout ce qu’elle apprenait.

Quant à Ambredragon, il dévorait avec avidité tout ce qu’il trouvait sur l’infertilité, cherchant une cause à leur « problème » et il trouvait toujours la même chose : à savoir que pour que ça marche il ne fallait pas y penser sans arrêt et faire confiance à la nature. Or Rachel était obnubiler par son désir d’enfant… Mais il ne pouvait pas lui en parler parce que la seule fois où il avait essayé de lui dire qu’il fallait qu’elle arrête de stresser elle s’était mise en colère et il s’en était voulu encore plus…

Rachel téléphonait très souvent à Katleen. Le lotissement était relativement éloigné de leur ancienne demeure et ses copines lui manquaient énormément.

Bien entendu elle lui disait tout le temps que tout allait bien dans son foyer…

Les jours où elle ne travaillait pas elle aimait bien regarder des séries soit disant débiles (mais qu’en fait tout le monde regarde !) pour se détendre.

- Dragon, ça te dérange si je met la télé pendant que tu lis ?

- Hein ? … Non, non, pas de problème…

Mais en cet fin d’après-midi, Ambredragon avait décidé qu’ils ne resteraient pas à la maison. Non, ils allaient sortir en amoureux et mettre fin à cette situation bizarre qui n’avait pas lieu d’être.

- Euh… Rachel, je me disais qu’on pourrait sortir ce soir… Je t’invite au restaurant et on fait les boutiques aussi si tu veux…

- Si ça te fait plaisir… Pourquoi pas…

Rhaaa, ça devenait désespérant. Rachel paraissait tout le temps malheureuse et il ne savait pas quoi faire pour l’aider à se sentir mieux.

- Allo.

- …

- Oui, je voudrais un taxi pour aller en ville. J’habite au n°3 du nouveau lotissement.

- …

- D’accord, merci.

Pendant ce temps, Rachel se préparait dans la salle de bain.

Elle en revient de meilleure humeur, à savoir pourquoi…

- Chéri, je voudrais te présenter mes excuses pour mon comportement odieux. Je suis vraiment horrible avec toi en ce moment… Je sais pas comment tu fais pour me supporter. Mais tu sais… Ça me rend malheureuse de ne pas arriver à te donner un enfant… Et du coup comme je m’en veux, je deviens horrible avec toi qui n’y est pour rien …

- Rachel, chérie, je t’aime. Alors arrête te stresser au sujet de notre futur enfant. Et tu verras que là tu tomberas enceinte du jour au lendemain.

- Oui je sais tout ça, mais c’est plus fort que moi, j’y pense tout le temps… Moi aussi je t’aime.

Ah ben voilà qui était déjà mieux…

- Alors, tu viens chéri.

- Oui, je fermais la porte à clé, je te suis !

Ambredragon était toujours inquiet pour sa femme car il savait qu’elle ne se sentirait vraiment mieux que quand elle serait effectivement enceinte.

Il était perdu dans ses pensées quand une voix la rappela à la réalité :

- Hé, monsieur vous montez ou on part sans vous ?

Ambredragon monta sans rien dire à ce malpoli de chauffeur.

- Ah ben c’est pas trop tôt !

- Ça va chéri, tu avais l’air bizarre ?

- Mais oui tout va bien…. Bon on y va ?

Quand ils arrivèrent au Centre Commercial du Bord du Lac, Rachel aperçut Sarah à peine descendu du taxi et l’interpela. Pour Ambredragon qui espérait passer une soirée en tête à tête avec sa femme, ça commençait assez mal .

Les deux copines commencèrent à bavarder tout en flânant dans une boutique de vêtement…

Et à la nuit tombée elles avaient toujours des choses à se dire…

Ambredragon était allé patienté gentiment au bar mais là il commençait à avoir vraiment faim. Alors il décida d’aller récupérer Rachel pour la mener enfin au restaurant.

- Rachel, tu es toujours là. Tu sais il se fait tard…

- Oui, j’arrive, je disais justement au revoir à Sarah. Tu passera le bonjour à de ma part à tout le monde surtout.

- Mais oui, t’en fait pas. Allez passez une bonne soirée tous les deux !

- Tu me suis ? Le restaurant à côté a l’air sympa. Moi je meurs de faim !

- Tu es bien joyeux tout à coup…

- C’est parce que je vais t’avoir que pour moi…

- J’ai parlé trop longtemps avec Sarah hein ? T’aurais dû venir plus tôt.

- Bon c’est pas grave, maintenant on est que tous les deux, allez viens.

Arrivés au restaurant l’hôtesse les plaça à la dernière table disponible, celle près de l’entrée.

- C’est tout ce qu’il me reste comme table monsieur.

- C’est très bien, je la prend ! accepta Ambredragon qui avait hâte de s’assoir et de manger.

- Tu veux quoi chérie ?

- Je me laisserais bien tenter par leur salade…

- Ah non pas une salade ! On va prendre un truc qu’on fait jamais à  la maison. Ce soir c’est la fête ! Alors on va prendre du homard ! Ça te dit ?

- Euh.. Oui…

- Dragon, tu es fou, du homard… Tu es sur que…

- Oui, ce soir je suis fou, je suis fou de toi ! lui déclara-t-il en l’enlaçant.

Et il l’embrassa avec fougue.

Ils passèrent un long moment enlacés, à se regarder dans les yeux et à se sourire.

Ce moment de tendre complicité fut interrompue par l’arrivée du serveur…

- Bonsoir Madame, bonsoir Monsieur… Vous avez fait votre choix ?

- Oui, ce sera deux homards, s’il vous plait. Tu n’as pas changer d’avis, chérie ?

- Non pas du tout. Ce soir c’est la fête, alors mangeons du homard.

- Très bon choix ! ajouta le serveur.

- Dîtes, vous avez une carte des desserts ?

- Bien sûr, je vous l’apporterez après…

- J’espère que vous avez des glaces…

- Chérie, tu penses déjà au désert alors qu’on n’a même pas encore mangé.

- Ben, c’est que j’ai pas beaucoup mangé ces derniers temps et là tout à coup je me sens affamée ! dit-elle en pouffant de rire.

- Dragon, chéri, merci pour cette soirée magnifique.

- Attend avant de me remercier, la soirée n’est pas finie…

- Bon, alors merci pour ce succulent homard ! Tu m’en feras à la maison ?

- Sans doute un jour, en tout cas j’aimerais bien atteindre ce niveau élevé de cuisine. Seuls les plus expérimentés des chefs peuvent réussir ce plat.

- Alors je suis sûre qu’un jour tu m’en cuisineras !

Le repas se déroulait tranquillement quand soudain Rachel posa une question légèrement contrariante à son mari.

- Dis, mon amour, quand est-ce qu’on pourra partir en voyage de noces ?

- Rachel… Je… Je sais pas… Tu sais notre mariage et l’achat de la maison ont englouti toutes nos économies… Et puis je viens tout juste d’être embauché, je peux pas avoir de vacances pour le moment. Mais dès que c’est possible je t’emmène sous les cocotiers.

- Oui, mais j’aimerais bien partir, même que deux jours… Ça nous ferait du bien…

- Ça je le sais bien… Écoute on remet ce projet à un peu plus tard…

- Hein, pour notre retraite, ça fait trop loin ! s’exclama-t-elle.

- Mais non, avant notre retraite ! Disons, d’ici un an…

-Tu me le promets ?

- Oui, je te promet que bientôt nous irons nous faire bronzer sur une plage de sable fin !

Malgré sa promesse, Ambredragon avait senti que son refus dans l’immédiat avait jeté un froid. Il espérait seulement qu’il pourrait effectivement tenir sa promesse dans les délais…

- Bon allez, tu va pas faire la tête tout le reste de la soirée. Tu viens, on va faire les boutiques, comme promis.

- Ah bon, et on va payer comment ?

- Tu vois que tu boudes. Bon, je dois t’avouer un truc… En fait ces homards on va pas les payer…

- Quoi ? Tu veux dire qu’on va partir en courant comme des voleurs, répondit-elle médusée.

- Mais non, j’ai pas dit ça ! rit-il, s’imaginant entrainer Rachel dans une course folle vers la sortie ! Je vais juste leur donner le bon pour deux repas gratuits que m’a offert Julian l’autre jour.

- Ah, tu m’as fait peur ! rit-elle ! J’ai cru que tu voulais qu’on pique un sprint !

Au moins ces rires avaient fait retombé la tension qui s’était installé entre eux.

- Bon puisque c’est Julian qui régale, on va faire les boutiques… A moins que tu préfères faire autre chose ? demanda-t-il.

- Non, ça me convient. Il est bien généreux avec nous Julian, alors qu’il se moquait de toi quand tu lui as annoncé notre mariage.

- Ca doit être sa façon de nous prouver son affection, je suppose….

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