mai 02 2007
13- Une journée presque ordinaire
La vie suivait tout doucement son cours chez les filles.
Daphnée avait assez repris confiance en elle pour envisager retravailler et elle avait trouvé une place de plongeuse dans le restaurant concurrent de son ex patron.
Alyssa se demandait quel avenir elle pouvait bien avoir avec Julian, leurs rendez-vous étant toujours aussi chaotiques. Elle finit par se dire qu’elle ferait mieux de faire comme Sarah et travailler son physique si elle voulait avoir une promotion… mais Julian hantait toutes ses pensées et elle était incapable de faire quoi que ce soit.
Finalement Alyssa finit par trouver une occupation. Elle fila chez le coiffeur et se fit poser des extensions. Elle fut enthousiasmée du résultat et espérait bien que sa nouvelle coupe plairait à Julian, car c’est lui qui n’arrêtait pas de lui dire qu’il aimerait bien qu’elle ait les cheveux longs.
Rachel et Katleen rentraient toujours ravies de l’hôpital où elles avaient été engagées en tant que secrétaires médicales. Et ce jour-là elles avaient une raison de plus d’être heureuses que le simple fait de travailler ensemble : Katleen venait d’être promue auxiliaire médicale et Rachel lui avait promis de décrocher elle aussi au plus vite une promotion !
Et tout en jouant aux échecs, les deux amies amaient parler de leur vie future, surtout Rachel (qui avait hâte de se retrouver en tête en tête avec Dragon, et pas sur un terrain communautaire) qui évoquait souvent sa vie de couple en parlant d’avoir 4 enfants et un couple de chats !
Pendant le même temps chez les garçons la vie s’écoulait tout aussi tranquillement.
Max venait d’avoir une promotion au poste d’assistant responsable et il travaillait sans relâche son charisme afin d’avoir accès à un poste avec plus de responsabilité et faire ainsi son bonhomme de chemin vers la destinée de magnat des affaires qu’il s’était fixée !
Julian rentra un soir ravi d’annoncer qu’il laissait tomber les effluves d’essence de la station service où il bossait jusqu’à présent pour être vendeur dans une supérette. Il était heureux d’abandonner la combinaison horrible qu’il était obligé de porter, certes pour retrouver son beau tablier vert, mais c’était provisoire ; il ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin.
Lestat n’était pas en reste et pouvait lui aussi se vanter de grimper les échelons car il avait rejoint Julian à la supérette. Mais contrairement à son pote qui dépensait tout en argent pour emmener Alyssa en sortie en ville, il mettait toutes ses primes de côté pour pouvoir se payer une villa avec Katleen et se la couler douce, les doigts de pieds en éventail sous le regard attendri de sa douce moitié.
Ambredragon s’adonnait à son loisir favori, le ménage en slip dans la salle de bain, entre deux lectures tout aussi distrayantes pour lui.
Quant à Dylan il se morfondait dans son coin, attendant de rassembler assez de courage pour inviter Daphnée qu’il trouvait si belle.
Un matin, un fait remarquable se produisit.
- Allez les gars dépêchez-vous, je veux pas être en retard, hurlait Max du fond de la smoogo toute moche qui les emmenaient au boulot, lui et les trois autres. Julian, active-toi un peu ! Tu te traines comme une limace mon pauvre vieux !
- Ca va, deux secondes, y a pas le feu ! répondit Julian en rouspétant.
- Julian c’est vrai que tu te traines ! Regarde avec Max et Dylan on est déjà dans la voiture que tu sors à peine de la maison, le charria Lestat.
- Mais c’est bon, j’arrive… Vous me saoulez !
Ambredragon avait enfin la maison pour lui tout seul et il avait demandé aux copains de ne pas rentrer de bonne heure pour une fois !
- Allo Rachel ? C’est Dragon…
- …
- Je voudrais t’inviter ce soir à la maison après ton boulot…
- …
- Oui je sais que tu attendais cette invitation avec impatience ! Moi aussi j’avais hâte que les copains me laisse un peu vivre…
- …
- Ok, à tout à l’heure ma chérie. Je t’aime.
Ambredragon se mit donc à l’oeuvre dans la chambre avec le lit double afin de la rendre plus accueillante. Il commença par aérer, mettre des draps propres et installer les divers accessoires qui devaient changer cette banale chambre en cadre romantique. Et c’est là qu’il se rendit compte d’une chose horrible : à force de manger à toute heure du jour et de la nuit et à chaque fois qu’il servait un plat à ses potes il était devenu obèse.
- Oh non, ça arrive juste aujourd’hui, se lamenta-t-il en se tenant la tête. Rachel va me trouver repoussant avec ma bedaine de grand-père !
Il semblait ignorer qu’une femme amoureuse ne s’arrête pas à ce genre de détail, du moins au début !
Il se ressaisit bien vite, enfila son jogging et s’installa sur le banc de musculation que Max s’était offert à leur arrivée, quand il avait été obligé de travailler quelques temps dans le sport. L’exercice était rude mais il savait que ses efforts seraient rapidement récompensés si il s’y attelait quelques heures… Quand il décida qu’il pouvait s’arrêter il était exténué et tout transpirant. Mais pourvu que cela marche cela n’avait aucune importance.
Pour se détendre un peu, il entreprit de terminer son ménage. En fait ça l’empêchait surtout de trop penser que dans quelques heures il serait en tête à tête avec Rachel. Il voulait éviter d’être trop angoissé à l’avance par leur premier rendez-vous intime mais en grand timide qui se respecte il se faisait un mouron pas possible. Et si il décevait Rachel et qu’elle le quittait ? Il ne s’en remettrait jamais !
Il finit ses préparatifs par une bonne douche : un bon jet d’eau froide sur la tête, rien de tel pour vous remettre les idées en place ! Et il eut le bonheur de constater que ses efforts sur le banc de muscu n’avaient pas été vains car il venait de retrouver sa ligne de jeune homme juste au moment où le véhicule de fonction de Rachel la déposait devant chez elle. Dans quelles minutes elle serait là…
En effet ayant juste pris le temps de se changer Rachel traversait déjà la rue qui les séparait. Ambredragon lui aussi sortait de chez lui et il se précipita dans ses bras.
- Ah, ma chérie, que la journée m’a parue longue à t’attendre, lui dit-il un grand sourire aux lèvres.
Comme à son habitude Rachel ne le laissa pas souffler et lui colla un oreiller dans la figure ! Il se faisait avoir à tous les coups et ça la faisait rire aux éclats.
- Hé, hé, Dragon, je t’ai eu !
Pour mettre fin à ses enfantillages, Ambredragon l’attrapa par la taille, l’enlaça très fort et l’embrassa. Au moins il était sûr que pendant qu’elle était occupée à se cramponner à lui sous l’effet de la surprise elle ne pensait plus à l’assommer. Et puis quelle façon agréable de mettre un terme à la bataille !
- Rachel, tu es une incorrigible farceuse ! Mais tu sais très bien que je t’ai pas invitée pour s’adonner à ce genre d’activité puérile…
- Ah bon ? Et à quelle activité tu comptes te livrer avec moi, alors ? lui demanda-t-elle, la voix pleine d’espoir.
- Euh … Ben … Euh … C’est à dire que … Euh … bafouilla-t-il, rougissant.
Ne sachant comment se tirer de son embarras il choisit de prendre Rachel par la main et de l’entrainer à l’intérieur.
Arrivés dans la chambre il fut heureux de constater que Rachel était sensible à la décoration qu’il avait faite. En effet elle s’était exclamé « Oh, quelle chambre romantique » quand elle avait vu les bougies qui parsemaient les meubles et le plancher ainsi que le somptueux rideau qui encadrait la fenêtre. Et sans plus de cérémonie il l’invita à prendre place sur le lit avec lui.
Ambredragon commença par enlacer Rachel. Sa nervosité était à son paroxysme à ce moment-là et il regarda sa compagne dans les yeux pendant un long moment. Rachel attendait le plus patiemment possible. Connaissant sa nature maladivement timide elle ne voulait pas se montrer trop empressée et l’intimider encore plus qu’il ne l’était déjà. Elle était donc suspendue à son regard, écoutant les flammes des bougies crépitant à côté d’elle, entendant presque pousser ses cheveux tellement cet instant semblait interminable…
Ambredragon agit enfin mais pour s’arrêter aussitôt, Rachel suspendu à son cou cette fois.
- Rachel … Je …
Oh non, c’est pas possible, pensa-t-elle. Qu’est-ce qu’il va me dire ? Qu’il n’a jamais fait crac-crac et qu’il peut pas le faire avec moi pour je ne sais quelle raison ? Qu’il est gai ? Qu’il est impuissant ? Ou alors, pire, qu’il a une femme et toute une tribu d’enfants qui l’attendent dans un autre quartier et que je ne pourrais jamais l’avoir pour moi toute seule ?
- Rachel, je t’aime, lui déclara-t-il enfin.
- Moi aussi je t’aime, répond-t-elle un peu honteuse d’avoir pensé au pire quelques instant plus tôt.
Et puis le moment que Rachel attendait depuis leur tout premier rendez-vous arriva enfin : ils se glissèrent avec empressement sous les draps.
Ambredragon n’en revenait pas : ça avait été un véritable feu d’artifice avec Rachel malgré sa quasi inexpérience dans le domaine. Elle avait su le guider, subtilement, l’air de rien et il l’en aimait que plus. Mais une chose le chagrinait : l’option « faire un bébé » n’avait pas été disponible et ça pouvait s’avérer très gênant pour leur avenir commun. Car il envisageait sérieusement de l’épouser au plus tôt et de fonder une famille avec elle. Enfin… Il s’inquièterait de ce problème plus tard.
La nuit était tombée quand Rachel envisagea la possibilité de rentrer chez elle.
- Reste encore un peu, je voudrais de faire goûter à ma salade composée dont j’ai élaboré la recette tout spécialement pour toi.
Rachel fondit devant son si beau sourire et comme de toute façon elle n’avait pas vraiment envie de s’en aller, elle accepta l’invitation à diner.
Attablés devant la succulente salade de Dragon, ils portèrent un toast.
- A la plus sublime femme que porte cette terre !
- Au plus merveilleux des hommes !
- Rachel, je voudrais te poser une question très importante.
- Va-y, répondit-elle une peu inquiète devant son air tout à coup sérieux.
Il se pencha et sortit quelque chose (de son slip ? de nulle part ? de quelque part sous la table ?) qu’elle ne pouvait pas voir, affichant une mine réjouie alors que son coeur battait la chamade dans sa poitrine.
Il poussa enfin devant elle un écrin en velours en lui déclarant, très intimidé : « C’est pour toi ».
- Oh, Dragon, dit-elle rougissant et se mettant les mains devant le visage tellement elle n’en croyait pas ses yeux. Est-ce que c’est ce que je crois que c’est ?
- Ouvre la boite et tu le sauras !
Rachel ouvrit l’écrin, les mains tremblantes, et y découvrit un superbe solitaire.
- Dragon, mon chéri, elle est magnifique.
- Rachel, acceptes-tu de m’épouser et ainsi faire de moi le plus heureux des hommes ? demanda-t-il très solennellement.
- Bien entendu, j’accepte, répondit-elle très émue, juste après avoir passé l’anneau à son doigt.
Ensuite ils passèrent un long moment à se tenir la main en se regardant amoureusement et en oubliant complètement de goûter à la salade.
Quand ils revinrent à la réalité ce fut pour échanger un long baiser.
Et enfin Rachel ne put résister à l’envie de fêter leurs fiançailles à sa manière mais cette fois Ambredragon fut plus rapide qu’elle.
- En plein dans ta tête Rachel !
- Oh non c’est pas du jeu, c’est toujours moi qui donne le premier coup !
- Rachel, peux-tu me promettre de ne pas faire ce genre de truc le jour de notre mariage !
- Je préfère ne pas promettre, je suis pas sure de pouvoir tenir une telle promesse !